Pourquoi je suis contre une taxe sur l’alimentation pour lutter contre l’obésité

Un récent rapport remis au ministre de la santé conseille de taxer (augmenter la TVA) les boissons sucrées et certains produits jugés trop gras, trop sucrés ou trop salés. Normalement, tout ça devrait être rendu public fin août mais déjà j’ai un mauvais pressentiment.

Si certains argumentent que c’est exactement comme pour les cigarettes, augmenter le prix fera baisser la consommation, c’est surtout en faisant abstraction de concepts simples tels que la nécessité vitale de l’alimentation par rapport à la cigarette.

Ce genre de mesure va évidemment toucher de plein fouet les classes les moins aisées qui bossent beaucoup pour à peine plus que le SMIC et qui du coup n’ont que peu de temps pour préparer un repas complet à partir de produits bruts. On croit que cette mesure amènera des changements de comportements mais je pense sincèrement que ça ne fera que grever un budget déjà réduit pour cette catégorie de personnes. Je ne suis évidemment pas pour la consommation de produits transformés et industriels à outrance, mais l’approche pour réduire leur consommation me parait très mauvaise. On a toujours favorisé l’évolution des idées par l’éducation, pas par la taxation.

Mais il y a pas mal d’autres raisons : Je suis membre d’une association qui s’appelle « Paris Diabète », qui est un réseau de professionnels de santé dont le but est, entre autre, d’accompagner les personnes diabétiques les moins aisées. Pour réguler leur glycémie il est important que ces personnes puissent avoir sous la main une boisson sucrée (à défaut de sucre) afin de pouvoir faire remonter leur glycémie rapidement en cas de besoin… va t’on devoir faire des prescriptions médicales pour du coca cola non surtaxé ?

Je veux bien croire que pour avancer en matière de santé publique il faille faire des concessions et laisser de côté certaines minorités mais quand même !

Mais le point qui me semble le plus problématique c’est qu’une fois de plus on va stigmatiser des aliments  comme étant « nocifs », « mauvais pour la santé »… on va rajouter une couche d’interdit… et donc d’attirance pour ces produits. Interdit + grosse envie = restriction cognitive, c’est à dire « je me prive volontairement d’un produit dont j’ai envie »… et c’est typiquement ce qui conduit à des « yoyo » pondéraux voire à une prise de poids pure et simple !

On va taxer les produits transformés, mais quid des produits plus basiques ? L’huile d’olive par exemple, un produit déjà très cher, verra t-elle sa TVA augmenter ? Dans les 2 cas, c’est délicat :
– si la TVA augmente au même titre que les chips et le coca, que nous reste t’il pour préparer une cuisine « saine » ? Ce n’est pas le produit en soi qui est problématique mais la quantité consommée.
– et en même temps si on considère que c’est un produit « politiquement correct » donc qu’on ne le taxe pas, on fait abstraction d’une cause de prise de poids. Par exemple, dans les cultures culinaires méditerranéennes, on consomme beaucoup d’huile… parfois beaucoup trop d’huile…  C’est une des causes non négligeable de surpoids et d’obésité.

Bref pour toutes ces raisons, je trouve que ce genre de loi est totalement inappropriée ! On ne favorise pas la consommation de légumes en augmentant le prix de la pizza, c’est d’une rare naïveté !

Pourquoi je suis contre une taxe sur l’alimentation pour lutter contre l’obésité

Un commentaire sur « Pourquoi je suis contre une taxe sur l’alimentation pour lutter contre l’obésité »

  1. Tout à fait d’accord avec vous. On se trompe de combat. De la même façon, je trouve les messages « diététiquement corrects » qui accompagnent systématiquement les publicités pour les produits alimentaires, depuis 1 an ou 2, très culpabilisants.

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