la faim et le vide

Alors ça c’est un titre bizarre : faim, vide, qu’est-ce qu’elle raconte ?!?

Au fil du temps, de l’expérience, j’ai réussi à mettre des mots sur certains ressentis… car en consultation il y a bien entendu les mots, mais aussi le langage corporel, les sous-entendus, les non-dits, bref beaucoup de signaux qui me sont transmis et que j’arrive plus ou moins à décrypter… Parfois il me faut un peu de temps, il me faut retrouver les mêmes sensations avec d’autres patients ou partager avec d’autres professionnels de santé pour enfin arriver à décrypter certains messages pas évidents.

Aujourd’hui je vais donc vous parler du « vide ».

Certaines de mes patientes ont du mal avec l’idée d’attendre d’avoir faim avant de manger. Ca a l’air pourtant basique, mon fils y arrive depuis sa naissance : « faim -> pleurer -> manger -> ah ça va mieux ». Même la nuit, il s’en fiche que je dorme ou pas 🙂 Mais avec le temps, avec la vie, avec le formatage pour correspondre aux attentes des autres, la bienséance, petit à petit on se fait une carapace, on apprend à mettre de côté ses sensations. Pour beaucoup d’entre nous on mange « parce que c’est l’heure ». C’est malheureux, mais relativement facile à travailler quand on accepte de réécouter un peu ses sensations.

Mais certaines personnes mangent non plus par simple habitude, mais parce que le vide est insupportable pour elles. Le vide c’est deux choses : physiquement c’est l’estomac vide qui gargouille et dont on n’a pas envie d’affronter le ressenti désagréable, mais psychologiquement c’est surtout le fait d’être seule, de rentrer chez soi le soir sans grand programme, sans envie particulière, sans amis ou famille autour de soi.

Et lorsqu’on est dans cette situation, une solution très simple pour remédier au vide c’est de se mettre à manger. Non plus par faim, pas non plus par habitude mais parce qu’en ingérant de la nourriture on essaye de combler un creux, un vide dans sa vie qu’on ne réussit pas à combler.

On pourrait se dire : pourquoi pas, « si ça l’occupe » je ne vois pas où est le mal… Le problème c’est qu’en se remplissant d’aliments on comble le problème à court terme (ça prend en effet du temps de cuisiner puis de manger)… mais malheureusement ça ne comble pas le vide de sa vie. On rentre le lendemain toujours aussi déprimé à l’idée de passer cette soirée seule, on mange toujours plus en espérant combler ce trou mais rien ne se passe. Du coup le calcul est simple, on mange plus, notamment bien plus que nos besoins physiques… et on grossit.

J’ai des patientes qui nient la dépression et l’aspect social et ne se focalisent que sur le poids « je ne comprends pas, je me fais des bons petits plats le soir, je cuisine, j’ai un bon coup de fourchette mais je fais attention à ne pas manger trop riche… » en creusant, en discutant, je ressens surtout cette solitude, cette fatigue : souvent un travail qui ne leur plait pas, une situation familiale compliquée, pas de vie sociale… et alors que la solution est probablement plus de l’ordre du « s’inscrire pour faire du bénévolat dans une association » elles s’acharnent à vouloir faire un régime pour perdre du poids.

Je pense que notre travail en tant que diététiciennes n’est alors absolument pas de chercher à calculer si son repas est trop riche ou pas, ce qui reviendrait à soigner les symptômes mais pas la cause du problème. Notre but est alors d’orienter vers des solutions adaptées à cette personne qui amèneront ensuite à une modification naturelle du comportement alimentaire.

Comme je le disais plus haut, notre patiente dépressive prise en exemple aura bien plus intérêt à aller s’inscrire au yoga, mettre en place une sortie par semaine avec des collègues, s’investir dans une association, aller lire des bouquins à des enfants hospitalisés ou toute autre activité qui ira avec ses envies et ce qu’elle pense possible. Et je peux vous assurer pour avoir travaillé ces points avec nombre de patientes, que ça comble bien mieux un vide que n’importe quel aliment !

la faim et le vide

Un commentaire sur « la faim et le vide »

  1. En tant que coach j’essaye d’avoir la même approche lorsqu’il y a des déséquilibres alimentaires; Associé à un bon programme sportif on obtient en général d’excellent résultats.

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