La ruche qui dit oui : premier retour

Il y a un peu plus d’un an je vous parlais de la Ruche qui dit OUI, un système pour mettre en relation petits producteurs et consommateurs en limitant les intermédiaires.

Je voulais vous donner plus de détails sur le fonctionnement… mais malheureusement, faute de local pour réceptionner les produits, la Ruche d’Arès (là où je travaille) n’avait pas réussi à ouvrir. Le projet a capoté mais a été repris et cette fois ça y est, depuis juillet, la Ruche est ouverte et fonctionne !

Voilà donc concrètement comment ça se passe de l’intérieur :

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– pour la Ruche d’Arès, il y a les livraisons tous les 15 jours, les mardis. 8 jours avant (donc le lundi d’avant) les ventes commencent sur le site dédié.
– chaque producteur a renseigné une liste de produits (avec photos) qu’il peut proposer et le tarif associé. Exemple : M. X producteur de légumes indique qu’il peut livrer des aubergines blanches à 1,39€ le kilo, des tomates roma à 1,99€/kg, des concombres à 99 centimes pièce… (prix au pif)
– le client (l’abeille, c’est à dire vous et moi) pouvons consulter la liste de tous les produits proposés par tous les producteurs inscrits. Ainsi pour l’instant je trouve que le producteur de fruits et légumes bio est très cher mais il y a un producteur en « agriculture raisonnée » qui a des tarifs et des produits que je trouve plutôt convaincants (en attendant l’aller visiter son exploitation d’ici peu normalement).
– Je fais donc mes emplettes comme sur un site de supermarché en ligne : 2 kilos de ci, 3 unités de ça, 1 pot de ceci… j’ai un panier virtuel avec un total, bref rien de très dépaysant.
– le paiement se fait en ligne, par carte bancaire.
– comme nous sommes dans un petit système, il peut y avoir des aléas, par exemple 1 seul kilo de légumes commandé par toutes les abeilles pour un producteur qui habite à 100 kilomètres… ça n’est pas très pertinent qu’il se déplace (bilan carbone et pas rentable pour lui) donc finalement les produits peuvent ne pas être livrés (auquel cas ils ne seront pas débités de la carte bancaire).
– quelques jours avant la livraison la vente est arrêtée (le samedi pour moi), on a alors la confirmation que tout sera bien livré (ou pas, mais ça ne m’est encore jamais arrivé, ça reste rarissime quand la Ruche tourne correctement).
– le jour de la livraison, les producteurs se regroupent à l’endroit mis à disposition par la reine de la Ruche (qui cherche aussi les producteurs, gère la relation avec les abeilles…) et sur une plage horaire définie les abeilles viennent chercher leur produit. Pas d’échange d’argent vu que tout est déjà payé. C’est l’occasion de discuter un peu avec les producteurs, de voir les produits qu’on n’a pas soi-même acheté pour se faire un avis…

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Alors mon retour d’expérience ?

Franchement je suis enchantée. D’abord parce que ça me permet de retrouver des légumes sympa et goûteux, moi qui n’ait pas trop le temps en semaine d’aller au marché. Là les horaires sont un peu plus compatibles avec la vie de quelqu’un qui travaille. Après je trouve sympa d’avoir un contact direct avec le producteur mais surtout d’avoir accès à des produits plus rares ou qui se conservent éventuellement moins (et qui sont donc bannis des supermarchés) : le producteur sait avant de quitter son exploitation combien il doit en apporter et que tout sera vendu. Il peut donc proposer des choses plus atypiques. C’est là qu’on se rend compte aussi de la pauvreté de nos hypermarchés. On a des fruits exotiques qui ont fait le tour de la terre mais pas 2 sortes de carottes différentes pourtant bien produites localement. Probablement parce qu’une carotte jaune ou violette et non pas « orange parfait » reste 3 jours invendue dans un hyper et finit à la poubelle… le chef de rayon n’en rachètera plus jamais par la suite…

Voilà donc un de mes retours de Ruche, un mardi soir d’août :
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Panier issu de ma commande à la Ruche d’Arès

Plutôt sympa non ? La tomate n’est pas rouge parfaite et sans défaut, les carottes font envie, la salade a l’air vivante, … C’est bon, c’est original, ça fait vraiment plaisir !
Ce que j’aime aussi c’est vraiment la liberté dans le choix des produits. Je n’ai jamais sauté le pas du panier « AMAP », où en gros il faut s’engager à prendre X kg de légumes (souvent non choisis) par semaine ou quinzaine. Pour ma part je n’ai pas une vie « linéaire », mes envies changent beaucoup et je n’ai pas envie d’entasser des kilos de tomates qui se conservent pas très bien ou de me forcer à les manger (c’est un peu contre mes principes diététiques 🙂 Là au moins si je sais que je vais avoir peu de temps pour cuisiner, que je ne suis pas là les week-end, je fais une petite commande de produits qui se conservent ou carrément je « saute » une livraison. Pas d’obligation, on achète ce qu’on veut quand on veut. Bref j’adore.

Du côté des éléments moins drôles j’ai repéré 2 points importants :
– les prix. Une amie m’a indiqué que c’était normal au début de la vie d’une Ruche et que ça s’améliorait ensuite. Je suis tout à fait disposée à rémunérer correctement les producteurs en échange de bons produits mais il ne faudrait pas qu’ils assimilent le concept de la Ruche à celui du « il n’y a plus 50% de marge à filer à l’hypermarché, alors je vends au même prix que d’habitude et je garde la marge pour moi ». J’espère que ça se stabilisera mais j’ai vu des pommes de terre bio à des prix totalement délirants… il ne faudrait pas abuser non plus.
– ça va en faire rire certains, mais qui dit légumes moins torturés aux produits chimiques et cueillis à maturité dit moins bonne conservation. Une commande tous les 15 jours = il faut être judicieux dans ses choix et ses quantités. Au bout de 15 jours les tomates cueillies déjà mûres au départ risquent d’être dans un sale état. Même chose : ne préjugez pas trop de la taille de votre frigo. J’ai la « malchance » de n’avoir aucun endroit frais dans mon appartement (autre que le frigo) donc tout légume qui ne rentre pas dans le frigo est forcément entre 20°C (l’hiver, et encore sans chauffage) et 27°C (l’été). Si vous êtes dans un cas similaire, allez-y progressivement, avec des petits paniers, quitte à compléter entre temps par des achats « hors Ruche » histoire de ne pas risquer devoir jeter des produits qui ne se conserveraient pas. Au passage on pourrait croire que 15 jours entre les livraisons c’est éloigné, mais je trouve que c’est un bon rythme, car finalement le processus prend un peu de temps (choisir ses produits, vérifier que tout sera livré, aller chercher sa commande) donc c’est pas mal que ça ne soit pas trop souvent. Au moins ça force à réfléchir un peu sur le contenu de son panier et ensuite c’est fait pour 15 jours.

Vous l’aurez compris, j’aime beaucoup le principe, n’hésitez donc pas à voir si vous avez une ruche près de chez vous ou pourquoi pas à en monter une s’il n’y en a pas et surtout si vous avez déjà testé, je veux bien vos avis dans les commentaires.

La ruche qui dit oui : premier retour

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